Ya des fois (en couture), on sent la mocheté arriver de très très loin, et pourtant on y va tout droit sans dévier d'un centimètre ! C'est bien ce qui s'est passé pour cette robe-là.
Pour ma défense, je n'ai pas eu totalement les coudées franches puisque du choix du patron à celui du tissu, c'est miss A. qui a décidé.
Elle avait trouvé en bibliothèque le livre Le Chic Parisien (collection Made in France, auteur Doline Dritsas) et eu le coup de coeur pour plusieurs modèles. J'étais bien moins enthousiaste (pour ne pas dire pire ...).
Déjà, j'avoue que je n'avais jamais entendu parler de l'auteur, ni rien croisé d'elle sur la blogosphère couture, c'est donc toujours un peu risqué de se lancer dans une "marque" qu'on ne connait pas. Ensuite, les modèles ont beau être présentés avec des textes ronflants, ce ne sont ni plus ni moins que des basiques pas toujours bien flatteurs à mon goût (même sur les mannequins choisis pour le livre, ce qui est un peu un comble !). Enfin, les tissus du livre ne me plaisent pas du tout, ce qui rend toujours plus compliqué de se projeter dans les modèles.
Bref, la demoiselle porte son choix sur une robe ("Noémie") qu'elle voit déjà déclinée en 36 variantes pour toutes les saisons - malgré mon air dubitatif sur le potentiel sac à patates.
Et pour le tissu, comme on est à la saison plutôt froide, elle a opté pour une maille à Mondial Tissus (les modèles du livre étaient plutôt en tissu chaîne et trame).
Cette maille, c'est tout ce qu'on aime ! Molle à souhait, synthétique qui colle bien aux jambes, au tombé lourd idéal pour se retrouver d'une robe courte à longue en 1 journée d'usage, et pas si bon marché que ça (déjà au passage à la caisse, on sent le projet foireux qui te coûte un bras et t'oblige presque à aimer le résultat d'avance !) ... On a aussi opté pour une doublure antistatique sur toute la longueur, en viscose à bas prix, mais cela rajoute encore en poids de la robe.
De même, la fermeture éclair à l'encolure dos, j'ai dit niet d'office : on a remplacé par une simple fente fermée par un ruban (et c'est pas la plus mauvaise idée sur l'ensemble, finalement)
il fait quand même bon être jeune et mince pour pouvoir porter
malgré tout le pire des sacs à patate sans alerter la police du bon goût !!
Et ensuite, vogue la galère (qui n'a jamais si bien porté son nom) : couper (va raccorder les rayures sur du mou pareil ...), coudre (ça gondole et fait de moches épaisseurs ...)
Et le verdict à l'essayage : toujours écouter son 6e sens couturesque qui vous faisait douter dès le début ! C'est un vrai bon sac à patate, au moins une taille trop grand : une partie de la faute m'en revient puisque j'aurais dû descendre d'office d'une taille pour de la maille. De même, miss A. ne mesure pas encore le 1m68 de la norme choisie par l'auteure (cette mesure correspond-elle vraiment à la majorité des femmes ??? j'en doute un peu ...) J'aurais pu découdre et raccourcir, mais dans ce tissu, c'est le trou assuré.
Par contre, le reste de la faute n'est pas de moi : le livre comporte un tableau de mesures numéroté en tailles 36, 38 etc ... et les patrons de la planche sont eux en S, M, L etc !! On a donc pris un peu au pif là-dedans !
Au passage, je signale aussi une erreur énorme qui perdrait un débutant : la pièce du devant était indiquée à couper en 2 parties (alors que bien évidemment, le modèle fini ne comporte pas de couture en plein milieu du devant !). Je ne me suis pas amusée à vérifier les autres éventuels problèmes des autres modèles, mais ça refroidit bien quand on remarque de tels problèmes de relecture.
Miss A. porte donc sa robe ceinturée, c'est moins pire, comme on dit. Et je croise les doigts pour qu'elle continue un peu sa croissance (et si possible vite) pour que la robe lui aille mieux tout en continuant de lui plaire !
Et moi de mon côté, je rends le bouquin à la bibliothèque vite fait, je l'oublie et je ne couds plus que des marques reconnues ou des modèles japonais qui ne trompent pas leur monde lorsqu'ils annoncent du sac à patate d'office !